Quand je me suis réveillé ce matin-là, ce ne fut ni dans un lit d’hôpital, ni sur le bitume collant de Tokyo, mais sur des draps parfumés à la lavande, dans un lit à baldaquin digne d’un drama de princesse Disney sous stéroïdes. J’avais beau avoir encore en tête le camion, les insultes de la fille que j’avais tenté de sauver, et ce fichu « Truck-kun » qui m’avait envoyé dans ce monde — je m’étais résolu à une chose : je n’étais plus Yamato.
Je suis Cael Valenhart, deuxième fils de la noble maison Valenhart, du duché de Mithralor. Et ici... je suis aimé.
— Cael, mon trésor, tu es réveillé ? murmura une voix douce comme la pluie d’été.
Je me redressai légèrement. Une femme entra dans la chambre, vêtue d’une robe bleu nuit, ses cheveux dorés tressés avec soin. Ses yeux, d’un vert profond, brillaient de tendresse.
C’était ma mère, Lady Aléria Valenhart. Elle n’était pas seulement belle. Elle avait ce genre de regard qui te fait croire, même quand tu viens de briser un vase antique, que tout ira bien. Une douceur à toute épreuve. Le genre de maman que Yamato n’avait jamais eue.
— Bonjour, Mère, dis-je, et mes propres mots me semblèrent irréels. Ils coulaient avec une grâce qui n’était pas mienne... mais qui l’était désormais.
Peu après, ce fut au tour de mon père, Lord Aldren Valenhart, de faire son entrée. Grand, charismatique, une barbe finement taillée, des yeux fatigués mais chaleureux. Sa poigne de main, même posée sur mon épaule, était celle d’un homme habitué à manier l’épée... et le peuple.
— Tu dors encore tard, fils, dit-il en souriant. Mais tu es en bonne santé, c’est ce qui importe.
Il n’était pas souvent là, je l’avais compris très tôt. Ses responsabilités en tant que duc étaient nombreuses. Mais à chaque retour, il prenait soin de passer du temps avec nous, et dans ses gestes, jamais un soupçon de négligence. Juste... une vie de devoir.
Ma sœur aînée, Lyssia, entra à son tour. Digne, toujours droite, elle avait les traits de Père, la rigueur du clan dans le sang. Pourtant, elle me traitait avec respect, comme si j’étais déjà un homme — et non pas ce garçon potelé qui découvre à peine ce nouveau monde. Elle ne m’infantilisait pas. Elle me reconnaissait.
Et puis il y avait lui.
— Yo, p’tit Cael ! Prêt à transpirer un peu ?! lança Kaelus, mon maître d’armes.
Il était jeune — vingt-quatre ans peut-être — l’air cool avec ses cheveux argentés coiffés à la va-vite et son sourire insolent. Il avait été l’écuyer de mon père, avant de devenir mon instructeur. Un grand frère par intérim, sarcastique, exigeant, mais juste.
Et bien sûr... il y avait mon petit frère, Iriam. Huit ans, toujours collé à mes basques. Avec ses cheveux châtains en bataille et ses yeux brillants d’admiration, il me regardait comme s’il n’y avait jamais eu de Yamato avant Cael.
Je n’étais plus seul.
Les jours passèrent. Entre les entraînements avec Kaelus (où je découvris à quel point même en étant le Brave, mes abdos étaient de la gelée), les repas familiaux, et les discussions avec les vassaux de la maison, je comprends une chose essentielle : ici, les nobles ne méprisaient pas leurs gens.
Les valets souriaient sincèrement, les cuisiniers me tapaient dans le dos en riant, et même les gardes m’enseignaient quelques astuces. Un monde... doux. Juste. À des années-lumière de ma réalité passée.
Et puis vint la grande question :
— Dis Kaelus… Comment ça marche la magie ici ?
Le regard de mon maître s’alluma. Il se leva, attrapa une craie, et traça des cercles sur un tableau noir sorti littéralement d’un meuble (oui, un tableau noir intégré dans un meuble. Monde chelou).
— Bien. Écoute bien, p’tit gars. Chez nous, y’a deux grands types de mages.
Les Guerriers et les Capacitaires.
Les Guerriers, ils utilisent ce qu’on appelle Arekhía — ouais, c’est du grec ancien, ça fait stylé.
Ça vient de la fusion de l’énergie spirituelle et de l’énergie physique. Et ce truc, on l’active grâce à une technique qu’on appelle Karadahenka – “adaptation du corps” en vieux japonais, mais chut, personne ici ne sait d’où ça vient, hein.
(Il m’a fait un clin d’œil bizarre à ce moment-là. J’ai pas réagi. Je suis un héros de light novel maintenant, je fais semblant.)
— Avec Arekhía, t’améliores ta vitesse, ta force, tes réflexes. Ton instinct. Tu peux même “pressentir” l’avenir, à un niveau suffisamment poussé. Et ton aura… ça fait flipper les ennemis. Genre vraiment. Et à un haut niveau ? T’es même résistant à la magie.
Maintenant… les Capacitaires.
Eux, ils mélangent leur énergie spirituelle avec l’énergie de la nature. Ça donne de la Vis Natura — c’est du latin cette fois, parce qu’on aime mélanger les bails.
Et avec ça, tu peux manipuler les éléments, contrôler la gravité, l’électricité, invoquer des trucs. Mais t’as aussi les effets secondaires : trop de Vis Natura et tu risques les nausées, les vomissements, la fatigue nerveuse. Bref, faut gérer.
— Et y’a un truc important, gamin : t’es soit l’un, soit l’autre. Mais les vrais badass, ceux qui bossent à fond, peuvent combiner les deux. Genre un Guerrier-Capacitaire hybride.
Mais attention, un Guerrier qui fait un peu de magie, ce sera jamais au niveau d’un vrai Capacitaire. Et l’inverse est aussi vrai.
Puis il se mit à tracer une pyramide.
— Ensuite, y’a les Démons. Eux, ils sont les deux. Naturellement. Et ils ont des magies rares. Mais faut faire gaffe… ils mangent des âmes. Et leur pouvoir augmente quand ils approchent du Roi-Démon.
— Ensuite, t’as les Prêtres. Super rares. Leur énergie, c’est celle de la Déité Suprême. Et eux, ils ont la magie sacrée : soins, purification mentale, barrières anti-magie. Incomparables.
Et il fit une pause dramatique.
— Et au sommet… y’a le Brave. Un gars — ou une fille, hein — qui hérite d’un fragment du Roi-Démon et de la Déité Suprême. Il peut tout absorber, tout copier.
Ouais. Genre… toi.
J’ai ri. Doucement. Pas parce que c’était drôle. Mais parce que pour une fois, mon existence n’était pas une erreur. J’étais peut-être le Brave. Mais j’étais aussi Cael. Et j’avais une maison.
Mini-Intrigue : « Ce monde n’a aucun sens, et c’est parfait comme ça. »
Lieu : Domaine Valenhart, puis ville de LavenshadePersonnages clés : Cael Valenhart (héros), Lysara (servante taquine), Aldren (père général), Aléria (mère prêtresse), Kaelus, (le maître), et un mystérieux colporteur de techno-reliquesThème : Découverte de l’anachronisme technologique, choc culturel et éveil méta-narratif.
🌄 SCÈNE 1 : "Les merveilles du quotidien"
Encore frais dans son nouveau monde, je passe une matinée tranquille dans la cuisine familiale. Soudain, un robot cuisinier, style boîte métallique sur pattes avec un accent français douteux, me dit :
« Vos œufs sont parfaitement tournés, jeune seigneur. Ne me remerciez pas, je suis programmé pour exceller. »
Un robot… dans une cuisine en pierre, avec des poutres apparentes et des herbes suspendues au plafond.
Je hausse un sourcil. Se dit que c’est une relique magique.
Mais en explorant un peu plus la maison, je tombe sur une pièce secrète : un bureau de la mère, avec un écran plat, un modem, des posters de runes animées en gifs, et même une vieille pub pour une marque de "baume anti-mana" sponsorisée par une prêtresse sexy.
🏞️ SCÈNE 2 : "Transport à vapeur, ascenseur enchanté"
En ville avec mon père, je découvre le tramway de Mithralor un engin électrique qui siffle en diffusant de la musique folklorique remixée façon techno. Puis, dans un grand magasin de tissus, un ascenseur enchanté qui monte avec une musique d'ascenseur… et une voix suave :
« Bienvenue à l'étage des étoffes nobles. Les toges de velours sont en promotion aujourd'hui. »
Je resta bouche bée. Je regarda son père, qui porte une armure légère de campagne. Ce dernier, sans sourciller :
« Tu verras, l’escalier c’est pour les roturiers. »
📺 SCÈNE 3 : "Les bikinis et la télévision magique"
Un soir, en rentrant, il trouve son petit frère Iriam en train de regarder ce qui semble être une émission de téléréalité balnéaire, avec des nobles en bikini sur une plage tropicale. Je dis:
« C’est… c’est quoi ce truc ?! »
Iriam (souriant) :
« C’est Noble Paradise – Île du Mana, la saison 3. Maman dit que c’est honteux, mais elle regarde tous les épisodes. »
⚔️ SCÈNE 4 : "Les armes de la guerre passée"
Plus tard, Je surprend une conversation entre son père et un officier :
« …Et si les démons reviennent, il faudra ressortir les Canons de Lestharn. Ils ne comprennent rien aux balles perforantes. »
Je vus alors une baïonnette soigneusement entretenue, posée près d’un portrait peint du général Aldren posant… avec une GameBoy à la ceinture.
🎭 SCÈNE 5 : "Awakening du mur du 4ème"
Un matin, assis sur la terrasse, regardant les paysans passer à cheval pendant qu’un dronoptère livre des légumes dans un panier automatique. Je lâcha :
« Comment ça se fait qu’un monde médiéval-fantasy puisse être aussi développé… ? »
Un blanc. Le vent souffle dans les rideaux. Silence de mort.
Puis, Lysara, la servante aux longs cheveux blancs et au sourire narquois, entre avec un plateau.
Elle s'arrête, le fixe… et cligne lentement des yeux.Elle penche la tête avec un rictus complice et déclare :
« Bah… parce que les mondes médiévalo-fantasy classiques, c’est chiant. »
Je suis resté bouche bée. Elle vient de briser le quatrième mur ?!
Mais personne ne releva. Comme si… tout allait bien. Et peut-être que ça l’était.
Peut-être que je n’étais pas juste dans un autre monde. Peut-être que je commençais à vraiment y vivre.