« Un poison peut tuer un homme.
Un génie peut tuer une époque.
Mais deux génies… peuvent effacer l'histoire. »
—
Personne ne pouvait tuer Yuèyao avec un simple poison.
Pas parce qu'elle était immortelle.
Mais parce qu'elle connaissait chaque molécule. Chaque odeur. Chaque variation d'amertume.
Elle pouvait identifier un poison rien qu'en respirant l'air autour d'un bol fermé.
Son corps n'était plus qu'un laboratoire vivant.
Mais elle le savait :
Jinlian, sa nouvelle adversaire, n'était pas une empoisonneuse.
C'était une architecte du poison.
Une créatrice d'alchimie raffinée, imprévisible, capable de concevoir un poison que même Yuèyao ne reconnaîtrait pas…
et donc, potentiellement… de la tuer.
—
C'est ce jour-là que Yuèyao fit l'impensable.
Elle demanda de l'aide.
À Ken.
—
Il était en train de feuilleter un vieux manuscrit quand elle entra sans un mot.
Elle le regarda un instant, puis dit doucement :
— « J'ai besoin de toi. »
Ken leva les yeux. Un silence. Puis il referma calmement le livre.
— « Nous n'avons jamais été alliés.
Tu ne peux pas me contraindre. »
Il fit demi-tour, prêt à quitter la pièce.
— « C'est fini. Ce que tu as fait de moi, je l'ai dépassé. »
—
Mais alors…
Yuèyao murmura, presque honteusement :
— « S'il te plaît, Ken. »
Ses mots portaient une fêlure qu'il ne lui avait jamais entendue.
Et dans ses yeux… quelque chose d'ancien.
Un souvenir.
Le jour où lui s'était mis à genoux pour qu'elle le prenne comme cobaye.
Et qu'elle l'avait refusé.
Ce souvenir, elle le lui renvoyait… sans le dire.
—
Ken resta silencieux. Puis soupira.
— « Très bien.
Mais à une seule condition. »
Elle le regarda.
— « Que personne ne sache que je t'aide.
Ce sera notre secret. »
—
Elle acquiesça, et alors, le vrai échange commença.
—
— « Jinlian est une génie de la médecine. » dit-elle.
— « Pour battre un tel génie… que faut-il, selon toi ? »
Ken répondit aussitôt :
— « Comprendre l'ennemi. »
— « Oui… mais ce n'est pas tout. »
Il fronça les sourcils.
— « Alors quoi ? »
Elle le regarda avec intensité :
— « Pour battre un lion… il faut deux lions. »
—
Le silence était lourd.
Puis Ken hocha lentement la tête.
— « Maintenant je comprends. »
— « Ce n'est pas une question d'élève ou de maître, Ken.
C'est une guerre de génies. Et j'ai besoin de toi, pas d'un subordonné. »
Il répondit sans sourire :
— « Je suis d'accord. Mais ce sera à ma manière. »
—
Ainsi commença leur pacte silencieux.
Deux anciens ennemis. Deux monstres d'intelligence.
Unis… le temps d'un affrontement invisible.
Et quelque part dans l'ombre, Jinlian… préparait déjà le premier coup.
fin du chapitre 10