« Certains éclats sont trop puissants pour être ignorés…
même par ceux qui prétendent gouverner l'univers. »
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Le silence dans la cour éclata comme du verre quand Xīyue descendit de la litière impériale.
Son nom, inconnu de beaucoup, devint un murmure immédiat.
Shufei. Pure Consort.
Épouse de l'Empereur.
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Elle semblait irréelle.
Sa peau était d'une porcelaine froide.
Ses cheveux, noir-violet, glissaient sur ses épaules comme une mer nocturne.
Ses yeux, dorés foncés, transperçaient tout.
Ses vêtements semblaient voler la lumière.
Et sous son maquillage épais, un mystère : impossible de lire ses traits… sauf son regard.
Ce regard… impossible à fuir.
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Officiellement, elle était là pour une visite diplomatique.
Officieusement, Liyan savait.
Son frère, l'Empereur, ne lui faisait plus confiance.
Il ne voulait pas que Yuèyao — cette apothicaire sans rang — contrôle son précieux petit frère.
Alors il avait envoyé sa femme.
Xīyue.
La plus redoutable pièce de son échiquier.
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Quand elle apparut au jardin intérieur, Liyan serra la mâchoire.
Ses yeux perdirent leur éclat d'amusement habituel.
— « Il pense que, parce qu'il est l'Empereur,
alors il a le droit de juger les femmes que j'aime… »
— « Et il m'envoie cette pétasse ? »
Il ne le dit pas à voix haute.
Mais Ken — à ses côtés — ressentit pour la première fois la glace véritable dans son maître.
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Mais Xīyue, elle, n'écoutait pas.
Son regard avait déjà dérivé.
Vers lui.
Ken.
Il était là. En retrait. Comme toujours.
Mais quelque chose… clochait.
Un éclat. Une prestance. Un trouble.
Qui est-il ?
Un noble ? Un prince secret ?
Pourquoi je ne connais pas ce visage ?
Pourquoi mon cœur bondit-il ?
Une pensée l'assaillit :
Est-ce que je… désire cet homme ?
Et dans sa tête, un murmure violent :
Non. Je suis la femme de l'Empereur.
Je suis Shufei.
Tout cela s'était passé en une seconde.
Puis elle détourna les yeux, regardant Liyan.
—
Ken ni Liyan ne remarquèrent rien.
Parce qu'elle n'avait rien laissé paraître.
Même pas une seconde.
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Présentation officielle :
Dans le salon aux piliers de jade, Xīyue parla :
— « Liyan, mon beau-frère. L'Empereur s'inquiète.
Tu sembles accorder beaucoup trop d'attention à une certaine femme… »
(Yuèyao n'était pas là.
Elle se trouvait dans son laboratoire, absorbée par ses expériences.)
— « La liberté a ses conséquences.
Le trône ne tolère pas le favoritisme envers une servante plus qu'un noble. »
À ses côtés se tenait une silhouette discrète :
Jinlian — sa demi-sœur.
Belle, froide, intelligente.
Et médecin.
Elle inclina poliment la tête.
— « Je suis heureuse de vous revoir, Oncle. »
—
Liyan répondit d'un ton neutre :
— « Moi aussi. »
Mais son regard, glacé, disait l'inverse.
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Quand Xīyue et Jinlian s'éloignèrent, il ne resta que Ken et Liyan dans la salle.
Un silence.
Puis Ken pensa :
Je comprends mieux maintenant…
Pourquoi Yuèyao agit sans crainte.
Pourquoi elle peut faire ce qu'elle veut, dire ce qu'elle veut, tester qui elle veut…
Elle n'est pas seulement brillante…
Elle est… la maîtresse du Prince.
Moi qui pensais qu'elle avait tout gagné par sa force…
Je me suis trompé.
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Et sous ses yeux noirs, un nouveau Ken se levait.
Plus froid.
Plus calme.
Et il sourit.
Sans dire un mot.
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Et Xīyue, loin de là, fronça légèrement les sourcils.
Pourquoi… est-ce que j'y pense encore ?
Ce garçon…
Et puis Elle dit à Jinlian, d'un ton bas :
— « Va corriger cette pétasse, Yuèyao. »
Fin du Chapitre 9 —